Ce billet est une réflexion personnelle à propos de l'iPad vis à vis de la presse, des livres et de la crainte que cela fait naître un peu partout dans les médias. Je l'ai rédigé il y a quelques mois mais j'y ai apporté des modifications au fil du temps et aujourd'hui je pense qu'il est prêt à être publier :
Coïncidence, alors que je me permettais d'émettre quelques réflexions en famille sur l'impact de l'iPad sur l'industrie des livres et plus particulièrement sur les magazines, je suis tombé sur la chronique de Fréderic Beigbeder dans le magazine Lire de Juin à propos de ses craintes sur l'avenir de la presse papier :
Les libraires et les bibliothécaires du monde entier vont-ils se laisser faire comme les disquaires qui ont mis la clé sous la porte sans broncher ? Le livre imprimé sur papier est menacé de disparition, dans l'indifférence générale.
J'aimerai apporter mon humble avis sur le sujet : je ne pense pas qu'il faille avoir peur de l'iPad (ou de ses concurrents) au niveau du marché du livre, tout du moins en partie. Cette peur ; venant surtout de personnes ne maîtrisant pas le sujet ; est issue de ce qui s'est passée pour la musique mais il me semble que les données sont différentes. En effet, il faut prendre en compte le facteur du support :
On écoute la musique, le support n'a pas une fonction déterminante. Il peut bien être immatériel, alors que la lecture introduit une notion sensuelle du toucher qui amène un lien affectif entre le livre et le lecteur et cela, jamais une machine ; si performante soit-elle ; ne pourra le remplacer.
D'ailleurs Fréderic Beigbeder revient dessus dans le numéro de Juillet de Lire :
Pour résumer, on pourrait dire que le livre de Gutenberg implique un cérémonial silencieux, une forme de lenteur...Un mode de vie moins stressé, plus détaché. Lire sur papier est une lutte contre l'éparpillement, le livre sur écran est une fenêtre ouverte sur le zapping. Lire sur papier, c'est comme porter un autocollant "NE PAS DERANGER". Lire sur écran, c'est prendre le risque d'être court-circuité.
Les vrais "lecteurs" achèteront toujours des exemplaires papier pour ces raisons décrites.
Par contre, en ce qui concerne l'industrie de la presse (journaux, magazines) la question mérite d'être posée et je trouve que la version électronique colle mieux à leur image. Pour ces médias, il y a une fantastique opportunité d'innovation et une adéquation logique avec les nouveaux médias. Sans compter le côté écologique qui peut être un facteur marketing important.
L'aspect économique est à prendre en compte également. Et la on touche au même problème que la musique (toujours la méconnaissance du sujet) : Tant que les éditeurs continueront à fixer des prix pour les versions e-books quasiment identiques à la version papier, le marché ne décollera pas (Il faudrait d'ailleurs que l'on m'explique cette si faible différence de prix car si je ne dit pas de bêtises, il me semble que tous les coûts liés à l'impression sont supprimés). C'est à se demander d'ailleurs si ce point n'est pas réalisé volontairement par les éditeurs afin de préserver leur activité. Mais dans ce cas, je pense que ces maisons d'édition s'engageraient sur la même voie prise par les majors de la musique avec la conséquence que nous savons.
Comme vous le voyez rien d'exceptionnel mais, juste une analyse ; je le répète personnelle ; et un étonnement de voir les principaux acteurs du marché se comporter toujours de manière défensive sans étudier le sujet et essayer de se mettre en corrélation avec son époque afin de tirer profit du fantastique marché d'Internet qui ne cesse de grandir.